Du manuscrit au livre
Mon roman, Les Cupidons sont tombés sur la tête, est arrivé !
Le responsable des droits étrangers de Ramsay (www.vilo-groupe.com) m'a fait parvenir un exemplaire par coursier cette semaine au bureau. Vive émotion !
Après des mois de patience, d'attente, "Le livre des Cupidons" comme je le surnomme affectueusement est enfin là. Passage de l'état de feuilles volantes à celui de pages imprimées et reliées. La splendide couverture où le turquoise et le vert prédominent, rehaussant le gris du titre, présente un timide cupidon androgyne en équilibre sur une salière, et en contrebas, sous le titre, un jardin qui respire la fraîcheur du soir, ou une fin d'après-midi rendue humide par une averse.
Après les péripéties d'usage, ce roman dont la rédaction initiale s'est achevée durant l'été 2004, est enfin là. Sous forme de livre.
Pour parvernir à ce résultat, j'ai vécu le parcours chaotique de l'écrivain en possession d'un manuscrit, et le fait que je travaille dans l'édition n'a en rien adouci l'épreuve. J'ai traversé les affres de l'attente et des refus : retenue par les réactions positives de mon entourage, amis travaillant ou non comme moi dans l'édition, recevant les unes après les autres les réponses négatives provenant des comités de lecture des éditeurs sollicités. "Trop classique, pas assez d'émotion, le genre de livre que l'on traduit de l'anglais mais qui n'est pas ce qu'on attend d'un auteur français..."
Au printemps 2004, une éditrice a eu un coup de foudre pour le roman. Appel au bureau pour m'annoncer la bonne nouvelle. Malheureusement, son enthousiasme est devenu rance comme une motte de beurre longtemps laissée au soleil et, un vendredi de juillet, un mail dans ma boîte personnelle m'a fait tomber d'un divin nuage où j'étais perchée depuis quatre mois. En dépit (ou, à mon sens, à cause) des multiples modifications demandées, des coupes exigées, le roman était devenu incompatible avec son catalogue. Après la douceur du rêve et les folies de l'imagination, je suis durement retombée au sol de la réalité.
Retour à la case départ. En bas de la montagne, comme Sisyphe. Mais un auteur est comme la vague qui perpétuellement repart et revient. Il ne renonce pas. Alors, j'ai repris le manuscrit. J'ai réintégré ce qui avait été coupé, j'ai laissé certains changements qui amélioraient le texte, et j'ai envoyé mon texte ailleurs tout en me laissant le temps de surmonter ma déception.
Hiver 2005/2006 : le manuscrit s'est retrouvé entre les mains d'une éditrice enthousiaste chez Ramsay. Elle souhaitait plus de détails, plus de consistance, ce qui n'était pas du tout pour me déplaire : je n'éprouve aucune difficulté à ajouter de la matière, plutôt à en ôter... Le temps nécessaire a été mis à profit pour finaliser le texte, choisir le titre, s'interroger sur la meilleure date de sortie. Au printemps 2007, les Editions Ramsay ont décidé de publier le roman pour la rentrée littéraire.
En mai et juin tout s'est soudain accéléré : décision du titre, lecture des corrections apportées par une nouvelle éditrice, suggestions de ma part, projet de couverture, texte de la quatrième de couverture, lecture des épreuves (vérification des corrections de corrections), envoi de la couverture, envoi d'un jeu des dernières épreuves, déjeuner avec l'éditrice, rencontres avec le directeur des éditions, l'attachée de presse, le responsable des droits étrangers, le directeur commercial.
Comme je l'ai dit au directeur de la maison, je savoure ces journées très particulières, je regarde mon livre, j'admire sa couverture, je me félicite d'avoir réussi à métamorphoser le manuscrit en livre, d'avoir eu la patience d'attendre, de n'avoir pas renoncé.
Jennie Dorny